Mathilde alias Jean-Pierre D.

Mathilde alias Jean-Pierre D.

Mathilde alias Jean-Pierre D,

ou, inversement, l’arrière petit fils de l’auteur arlésien Alphonse Daudet, ancien reporter de guerre, père de quatre enfants, est devenue femme à l’âge de soixante ans par vaginoplastie et le raconte dans l’autobiographie Choisir de vivre, parue le 26 janvier dernier. Son histoire n’est pas sans rappeler celle de Lili Elbe, née Einar Wegener, une artiste danoise connue pour être la première personne à avoir subi une chirurgie de réassignation sexuelle en 1930.
Jean-Pierre aimait beaucoup les femmes et celles-ci le lui rendaient bien. Pourtant, il détestait son corps mais aimait celui des femmes. Contrairement à Josie, dans Macadam- Garrigues qui «mariait à merveille les avantages des deux sexes sans le moindre inconvénient majeur», Jean-Pierre souffrait de dysphorie. Il est vrai qu’en chacun de nous sommeille une part de féminité et de masculinité, comme le symbolise le Taiji-tu. Parfois, cette «complémentarité» est source d’insupportables dissensions.
C’est une souffrance permanente, une lutte contre soi-même à cause d’une société qui n’aime que la normalité, qui s’attache plus au paraître qu’à l’être, où le sexe conditionne le genre. Cette distorsion entre la réalité génétique et son ressenti existentiel l’enferme dans une dissonance mortifère. Après avoir, en vain, invoqué Dieu, il devint théophobe.
Comme près de 400 transsexuels chaque année en France, surtout des hommes, il décide de changer de sexe, mais il choisit de se faire opérer à Bangkok car, pour lui, la procédure en France est trop longue et le résultat hypothétique. «Trois ans d’évaluation par des psys durant lesquels il faut prouver qu’on est une femme.» Cette Décision est difficile car il ne sait plus qui il est, et a peur de ce qu’il va perdre.
Même s’il a perdu son emploi de reporter «malgré le peu d’usage de la verge dans une prise de vue» Il ne regrette pas le résultat. Ce tamis à cons ! Au sens que, restent amis, seuls ceux qui l’ont été et le sont véritablement. C’est une victoire sur les interdits sociaux ou religieux. Par ailleurs, devenue femme, son second couple n’a pas tenu malgré l’assentiment de sa femme. Au demeurant et malgré les traitements hormonaux, les séances d’épilation et de psy, elle conclut, sans regret «Aujourd’hui, cet homme que j’étais est mort». 

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