À la soixantaine, la nuit les emporte déjà, le sablier pulse encore : chaque grain rappelle la renaissance et confirme qu’un nouveau départ est à portée de main. Vous ouvrez votre valise, corset de peurs, et tout tombe : armements, silences trop lourds. Ne restent que la dentelle de vos envies et le désir, vif, prêt à vivre intense. Vous avancez dans la ruelle de votre enfance ; une bourrasque de lavande fouette la mémoire, empile images et odeurs comme des poupées russes qu’on découvre, couche après couche. Écoutez votre souffle, mesurez la distance parcourue et l’horizon ouvert qui vous appelle à tracer de nouvelles pistes de promesses.
Une ombre subsiste : la chose sans nom, regret secret ou projet inachevé. Vous lui donnez enfin visage et promesse de poursuite ; s’il faut gravir le Mont Ventoux pour la dompter, vous le ferez, car la lumière dissout l’invisible. Vous rédigez ensuite votre pacte : pour chaque impulsion, un geste concret aujourd’hui, pas demain. Réserver un billet, appeler, écrire la première phrase ; le mouvement affûte le plaisir et rappelle que la chair n’est pas reliquaire. Chaque décision résonne comme un battement neuf dans vos artères, preuve que le cœur complote.
Au crépuscule, vous célébrez sans artifice : tranche de pain aillé, filet d’huile d’olive, feuille de basilic. Saveur intense méditerranéenne, volcan qui crépite sur la langue : un rite méditerranéen qui honore le bien vieillir. Vous soupirez, puis scellez l’instant par un murmure confié à une amie ou à un carnet ; un secret partagé s’ancre plus profond qu’une encre noire.
Pourquoi maintenant ? Parce que la nuit les emporte déjà, et chaque halte n’est qu’un checkpoint, non un terminus. La soixantaine n’est pas un safe‑word final ; c’est le chapitre incandescent, un feu de joie dans la poussière du temps. Emparez‑vous de la flamme avant que le parfum du basilic ne se disperse et que les poupées russes ne se referment à jamais.
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