Le Travestissement au cinéma

Le travestissement au Cinéma

Si le travestissement féminin a souvent été une question de survie, l’homme qui se transforme en femme joue davantage sur des codes sexuels et affectifs. Victoria Grant, alias Julie Andrews, n’a d’autre choix pour trouver un emploi que de se transformer en Comte Grazinsky. Ainsi débute l’intrigue du savoureux Victor Victoria, chef d’œuvre cinématographique de Blake Edwards. L’inverse est vrai dans Tootsie de Sydney Pollack, à la différence que Dustin Hoffman n’érotise pas son personnage mais le socialise. Lola, dans « Tout sur ma mère » de Pedro Almodovar, est sans doute à ce jour le portrait le plus attachant du travesti prostitué, à la fois père et pute, créateur et destructeur.
Si l’on se réfère à la définition du Larousse, travestir et se travestir participent tous deux d’une volonté d’induire en erreur, où à défaut, d’édulcorer la réalité.
A l’instar de Josie, pierre angulaire de Macadam-garrigue, le travesti donne du plaisir en s’octroyant cette nécessaire part de féminité qu’il revendique. Il surjoue donc sa féminité afin de lisser les aspérités trop voyantes de son alter ego masculin.
Le cinéma regorge de personnages jouant de cette frontière sexuelle comme d’une arme. Le docteur Robert Elliott ( Michael Caine ) dans le très bon « Pulsion » de Brian de Palma, géométrise le travestissement en chevauchant son rôle de psychanalyste et de tueur en série. A noter que le titre original, « Dressed to kill », habillé pour tuer, induit dans l’imaginaire collectif cette image de femme fatale dont se drape le docteur Elliott.
Certes, on trouvera aussi des films « faciles » comme Chouchou, Pédale douce et autres, où le travesti n’est qu’un alibi commercial, ce bon vieux travelo que l’on ressort des placards histoire de donner un petit cachet décalé, mais rarement pénétrant!
A l’autre bout du spectre, comment ne pas s’arrêter quelques instants  sur Josie dans Macadam-garrigues, sur la fabuleuse Divine, héroïne de John Waters, et son de rôle de «  personne vivante la plus immonde » dans Pink Flamingos. Le travesti se transforme en Dirty Harry déjanté, flinguant au passage tous les codes vestimentaires et moraux dans le seul but d’affirmer son leadership en matière de mauvais goût. Jouissif ! Définition de jouir : éprouver de la joie, du plaisir, un état de bien-être. Une belle leçon de d’humanité en ces jours sombres.

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