Le testament d’Émile, fil d’Ariane.
Au fil de la plume, Patricia Nandes nous emmène dans l’univers paradoxal de Macadam-garrigues et d’un testament, celui d’Émile.
Quitter Marseille. Sur la route, une autre vie, à la découverte de la garrigue et du Lubéron.
Mais comment l’appréhender, par quel bout l’attraper, cette nouvelle vie ?
De quelle façon placer le récit de cette nouvelle vie sans se couper totalement de ses racines urbaines. Il faut trouver l’équilibre et rester sur la ligne de flottaison des sentiments.
Un défi que relève l’auteure, chacune des existences se détache avec netteté, épouse les anfractuosités des unes et des autres.
De cette aventure humaine, ne reste en fin de compte que cette main tendue vers le champ des possibles, au-delà du simple rêve, au-delà des ruines du passé et celles, bien réelles, d’un vieux mas défraîchi.Toutes les forces des figurants flirtent avec le pressentiment d’une vie plus intense … le désir de se réinventer et de faire en sorte que ça marche.
Le testament d’Émile au même titre qu’un fil d’Ariane.
« Je te laisse tout, enfin tout ce que j’avais, le bar, ma vieille Clio et la maison familiale. Tu verras, Lioux est un petit coin de paradis, tu t’imagines même pas comme la vie peut y être belle ! Occupe-toi des filles , Max, qu’on reste une famille jusqu’au bout. »
Plus facile à dire qu’à faire.
Une famille, un lien, une petite entreprise. Nos héros sont confrontés à la double nécessité de respecter la parole de leur ami Émile et de pérenniser un avenir bancal. Alors il faut se jeter à l’eau, tout vendre, partir, construire et vivre, tout en sachant que la vie ne tient qu’à un fil. Le deuil comme ciment mémoriel, ils vont jeter leurs dernières forces dans la réfection du mas, ne surtout pas mollir, affronter les fêlures du passé, consolider les fondations d’une maison commune sans jamais perdre leur sens de l’humour. En rire avant de pleurer, Josie, le travesti, en joue sans le savoir, comme jadis monsieur Jourdain maniait la prose en l’ignorant.
En eux, tant de plaisirs oubliés se bousculent, remontent à la surface, suivis d’une inquiétude : Le jeu en vaut-il la chandelle ? Y arriverons-nous ? Changer de vie c’est avant tout accepter l’échec, s’en nourrir, s’en gaver, se faire une indigestion d’incertitudes et les recycler en terreau fécond.
Macadam-garrigues, un trait d’absinthe sur un morceau de sucre, il fait tourner la tête et taquine l’ivresse des profondeurs de l’âme humaine.