Signé Mathilde !

Signé Mathilde !

Signé Mathilde ! Deux mots-clés qui donnent le ton tout au long de cette histoire. Les péripéties s’enchaînent.les unes après les autres. Une myriade d’événements et de saynètes musicales vont bousculer chacun des personnages de ce roman, Annie, Gaufrette, Typhon, Marx et Bnf, Andy et Warhol, Luc, Federico, Gilbert, Crincrin, Simon le toubib et Léontine ! C’est pas un nom de chien !
Ferté, Thibert de la Ferté, avocat, doté d’un égotisme total et secrètement amoureux de sa boss, Clotilde Andrieu, l’unique héritière de ce bâtiment.
C’est une tradition dans l’immeuble. Tout le monde offre un petit cadeau aux autres locataires. Jamais rien de coûteux ou de trop démonstratif mais une gentille attention, une façon de dire que leur communauté de pensée se joue des exclusions qui fleurissent ces derniers temps.

Signé Mathilde !

 

Comme tous les ans, Mathilde offre le plus beau de ses cadeaux à Federico et le bel italien lui renvoie invariablement l’ascenseur. Les paris vont bon train sur une union possible mais ils ne sont pas encore remontés à leurs oreilles.
Mathilde alias Bibiche pour les intimes est d’un tempérament réservé, voire carrément timide, et ne fait rien pour que ça change. Trente ans, cuistot dans le meilleur restaurant de la ville, elle est amoureuse de Federico mais n’aura jamais le courage de faire le premier pas. Mais ça, c’était avant que Jocelyne, septuagénaire excentrique et propriétaire du petit immeuble où elle habite, recueille deux jeunes migrants, Issa et Pape. Et là, tout part en vrille. De quiproquos en coups du sort, Mathilde va se transformer en véritable tornade, enchaîner catastrophe sur catastrophe, pour devenir à son insu le bras armé de Cupidon.
Peut-on changer de vie en une seule nuit ? Avec Mathilde, tout est possible.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Mal à La Racine

Le Mal à La Racine

Le mal à la racine – Une enquête du capitaine Alexandra Bertaud, un thriller à cheval sur la France, l’Italie et la Suède.

Le Mal à la Racine

 

Söderhamn, Suède. Le capitaine Alexandra Bertaud supervise pour Europol un vaste coup de filet dans le milieu pédopornographique. Quelques heures après la fin de l’opération, le corps sauvagement mutilé d’un certain Giacomo Orsi est retrouvé dans une villa sur l’île de Skatön. Le même jour, son frère Luca et sa mère Flavia sont assassinés à Bojano, Italie. Bertaud, le commissaire Krister Nygren, chef de la police de Söderhamn et le capitaine Laura Livi de la PJ de Naples, sont chargés de l’enquête. D’autres assassinats suivront en Suède, en Italie et en France. L’affaire Orsi sera une catharsis pour chacun des protagonistes. Bertaud, souffre d’un trouble de la personnalité multiple, Nygren a perdu sa fille et Livi veut venger la mort de son père, assassiné par le clan Orsi. Ils ne le savent pas encore mais chacun d’eux est lié à une vengeance qui prend ses racines trente-cinq ans plus tôt. En commençant par La femme du commissaire Nygren, impliquée dans les meurtres. Laura Livi apprendra qu’elle avait une demi-sœur en Suède et Bertaud que sa mère l’a violée dans son enfance. Trois femmes sont à l’origine de tous ces meurtres. Ann Magnusson nous révélera l’envers du conte.

 

Krister Nygren vit la semaine la plus exaltante de sa carrière. Il sait aussi que dans quelques jours tout retombera comme un soufflet trop cuit. Cette perspective le rend mélancolique, à tel point qu’il aimerait que l’opération foire et que tout recommence à zéro. Mais c’est impossible, et il le sait très bien. Les collègues de Sandarne et de Bollnäs le jalousent et, même si personne n’ose le dire, toutes les forces de police du comté de Gävleborg auraient voulu que ces deux pédophiles habitent leur commune et pas la sienne. Une affaire comme ça, c’est de l’or en barre pour un flic de province, la meilleure façon d’obtenir de l’avancement, une mutation à Stockholm, ou du moins, dans une grande ville de suède. Mais Krister n’en a rien à foutre. Il est né à Söderhamn et ne compte pas quitter la région, quand bien même on lui proposerait un poste mieux rémunéré.
Il se retourne dans le lit et contemple une nouvelle fois le radio-réveil. 02 h 15. La dernière fois, il indiquait 01 h 55. Anita dort à poings fermés. Elle ronfle même, un vilain rhume qui ne passe pas. Il se lève sans faire de bruit et file à la salle de bains, conscient qu’il n’arrivera plus à trouver le sommeil. L’opération débutera à 05 h 00 au poste de police et l’interpellation des deux suspects une heure plus tard.

 

 

 

Salon du livre 2016, Morières les Avignon.

Salon du livre 2016, Morières les Avignon.

Beaucoup de choses à dire et à retenir de ce salon du livre 2016,  Morières les Avignon. Sans doute parce que c’était ma première venue en tant qu’écrivaine et non en tant que simple visiteur.

Salon du livre 2016, Morières les Avignon

Tout d’abord un grand coup de chapeau à Nadia Bergougnoux, auteure et présidente de l’association « Au fil des mots » et à son équipe de bénévoles, ses filles, et cette ambiance chaleureuse où chacun à plaisir à échanger avec son voisin.

Parrain du salon, Jacques salomé auteur, marque de son empreinte en ce 15 octobre, ces quatrièmes Rencontres Littéraires de l’an 2016.

8H30, arrivée à l’espace Folard, (château de Feu, le chevalier Folard) thé, café, viennoiseries, attendent les exposants, premiers contacts et découverte de mon emplacement, bien situé au milieu de l’allée centrale.

Un grand merci à André Aubert, auteur, peintre, illustrateur et voisin de table. Gentilhomme, sur un échange de regards, très hospitalier au demeurant a su  désarmer, séance tenante, ma prestation de débutante en m’offrant deux présentoirs pour caler mes livres « debout » sur le stand que nous partageons. L’activité reprend sans tarder. Nous échangeons nos prénoms. Une  poignée de mains plus tard, je ne résiste pas à lui céder volontiers un peu d’espace pour présenter ses peintures, de magnifiques miniatures provençales.

 

Salon du livre 2016, Morières les Avignon

9 h,  Mise en place de mes romans, Macadam-garrigues et Je suis un Sérial Killer heureux.

Que vous dire à propos de ces deux livres ? À la source du cheminement de l’imaginaire en tant que tel ! Ma plume vous emmène en compagnie de ces deux chiens, Guimauve dans Macadam-garrigues, et  Edy, dans : Je suis un Sérial killer heureux, d’une contrée à l’autre. De l’asphalte marseillais à l’arrière-pays provençal, au sud de la frontière du Lubéron et du pays du Ventoux, une baguenaude philosophique, une valse entre  « le bien et le mal » Lequel l’emportera ?

10H, premiers visiteurs, quelques contacts et puis, l’état de manque de sommeil  se surmonte à grandes  doses de tasses de thé brûlant versées dans des gobelets  en plastique blanc renouvelable. Les cernes balayées à grand  coup de crayon de  maquillage  anti-cerne. Voilà que les visiteurs  de ce salon franchissent en file et trombe l’allée centrale de ce salon.

Salon du livre 2016, Morières les Avignon, suite.

Empathieia ( du grec, sentir intérieurement) avec Valérie Corré, qui débarquait tout juste de Corse.  Tandis qu’elle prenait  place sur son stand, en angle droit avec celui que je partageais… On entendait dehors le silence du midi.  Je ne saurais dire ce qui m’a troublé le plus chez cette auteure de :  Sois  gentille …!  Sa voix,  sa générosité, son combat contre l’inceste. Un sujet qui me tient à cœur. Une belle rencontre  et de longues minutes à parler de son expérience, son combat pour introduire ce sujet tabou dans le milieu scolaire et faire tomber le délai d’imprescriptibilité.

Salon du livre 2016, Morières les Avignon

Magnétique, elle est Valérie et cette femme a gagné quelques combats contre ce douloureux crime qui lacère à jamais le regard de  l’enfant en question. Lequel peut être parfois, souvent, rongé par la honte et la culpabilité dû à son tortionnaire ! Sois gentille …! Où par ma propre expérience… Il m’avait qu’il ne fallait pas le dire ! Ça vous bouffe toute une vie et meurtrie vos entrailles dans leur chair.

Mais la vie continue !

11 h 30, un grand moment d’émotion en ce salon du livre 2016, lors du lâcher de ballons (dans le jardin) dédié à la journée internationale du deuil périnatal. Nadia, émue, a rendu un vibrant hommage à ceux qui n’ont laissé dans la vie de leurs parents qu’une traînée d’étoiles et une vie suspendue aux regrets de n’avoir pu partager autre chose que des souvenirs avec leurs enfants non-nés.

Rendons une dernière fois hommage à nos anges avec la voix de l’une des filles de Nadia. Laquelle chante à micro ouvert, une délicieuse chanson dédiée à la naissance du sens, lequel fait écho au livre de Nadia : Le ventre vide.

S’ensuit un super apéro sévillan avec la troupe de danse Campo Flamenco.

13 h, pause déjeuner sous le grand préau, à l’abri des morsures du soleil automnal et ça repart.

14H, beaucoup de monde se presse autour des stands de ce salon, les conversations vont bon train. Des amis très chers passent me voir, je signe quelques dédicaces, prends aussi le temps de feuilleter romans et bandes dessinées de confrères et consœurs.

Salon du livre 2016, Morières les Avignon, suite.

 

 

Le reste de l’après-midi passe vite. Dix huit heure trente, il est temps de remballer. La météo a été clémente. Lentement le soleil descend vers l’horizon, son couloir de lumière s’amincissant au profit d’un éclairage électrique.  Nous attend le pot de clôture et l’occasion de discuter en cette mi-octobre, en famille adoptive autour d’un verre de vin rouge, rosé ou blanc et de carrés de pizzas. Il est temps de prendre congé pour retrouver mon adorable p’tit Bandit qui attend sagement sa Maman sur le canapé du salon. Oui, il a droit à se vautrer dans les herbes folles du jardin autant que sur les plaids du canapé et du lit le chéri !

Post-scriptum:

La loi du 8 février 2010 avait inséré l’inceste dans le code pénal, non en tant qu’infraction spécifique mais en tant que sur-qualification de viols et d’agressions sexuelles. Il est vrai que toute relation incestueuse envers un mineur est un viol, alors que tout viol n’est pas réellement incestueux.

Le Conseil Constitutionnel ayant été saisi sur cette loi relative à la protection de l’enfant, a été amené, le 16 septembre 2011, a annulé cette disposition considérant que les liens familiaux qui conduisent à ce que des viols et agressions sexuelles qualifiés d’incestueux ne sont pas définis. Le Conseil Constitutionnel veille à ce le principe pénal de définition précise soit respecté. Ce qui ne fut pas le cas en la circonstance.

Il est regrettable qu’il ait fallu attendre trois ans et demi pour que le législateur apporte cette précision en réinstaurant cette atteinte à l’intégrité physique et psychique de la personne.

Pour obtenir la qualification d’incestueux les agressions sexuelles et les viols d’incestueux qu’ils ont commis sur un mineur par un ascendant ; un frère, une sœur, un oncle, une tante, un neveu ou une nièce, si cette personne a sur le mineur une autorité de droit ou de fait ; son tuteur ou la personne disposant à son égard d’une délégation totale ou partielle d’autorité parentale ; ou, le conjoint ou l’ancien conjoint, le concubin ou l’ancien concubin lié par un pacte civil de solidarité

Les cousins sont donc exclus.

L’infraction spécifique d’inceste n’aurait pas apporté un plus en matière pénale et aurait été un frein à l’application rétroactive de cette disposition. C’est pourquoi la préférence à une sur-qualification de viols et d’agressions sexuelles fut maintenue comme en 2010. Ceci étant, on peut se réjouir que la qualification d’inceste figurera au casier judiciaire de l’auteur de ce viol.

Reste qu’il y a surtout ce renversement de la charge de la preuve, au sens où le non-consentement de l’enfant reste toujours à prouver.

 

 

La nuit les emporte déjà!

La nuit les emporte déjà !

Entre recherche et inquiétude existentielle… La nuit les emporte déjà!

On puise dans le passé pour conjurer l’avenir tant et si bien que « la nuit les emporte déjà. »

Voilà comment elle accepta  de traquer « cette chose » . De toute façon, Brigitte était bien décidée à se rendre sur les contreforts du Mont Ventoux pour la débusquer, remonter à sa source et démasquer le véritable coupable. Son suspect se trouvait partout et nulle part, en quelque sorte invisible, il était. Elle irait jusqu’en Italie s’il le fallait pour retracer son parcours. L’empreinte du temps faisait son chemin avec le souvenir, d’un souvenir insensé qui en évoque un autre. Le genre de truc qui transcende le jeu mortel des apparences. « Coupables », ils l’étaient tous, autant que leur silence, murmurait à son oreille une petite voix.

On croit tout connaître de « l’autre » la seule personne que l’on aime, plus que tout, plus que sa propre vie. La mort ou tout autre mesure du même genre « dite » à échelle humaine.  Ce repère temporel qui nous indique que rien n’aurait aucun sens, sans lui, sans elle.

Pourtant…

 —  Elle marchait dans cette petite rue, tentant de reconnaître la maison de son enfance, s’arrêtant devant chacune d’elles. Il n’y avait plus rien, aucun souvenir auquel se raccrocher, si ce n’est le parfum capiteux, presque entêtant des lavandes. La mémoire ne serait-elle rien d’autre qu’un puits sans fond, tombe la torche, sans jamais s’arrêter, elle tombe, toujours plus vite, surgissent des ombres, fugitives… Elle croyait en reconnaître certaines que la nuit les emporte déjà.

Cependant, je ne saurai jamais, à ce moment précis de ma plume, ce qui porte le regard de Brigitte si loin. Encore moins, le pourquoi du comment;  je l’ai appelé Brigitte. Mais j’ai quelques pistes à explorer avant que La nuit ne les emporte déjà.

Au vent emporte le temps…
Il nous surprend assoupit au beau milieu de la nuit, ou d’une sieste d’après déjeuner, lorsque on est réveillé par un bruit familier. Alors  on essaie de le comprendre parce que l’on a pris un peu de « bouteille »,  on tente de l’apprivoiser, ça fait partie de la vie ou de la déconfiture, allez savoir ?

 La nuit les emporte déjà!

C’est un peu l’histoire des poupées Russes !

On imagine à quoi ressemblera la prochaine tout en se rappelant avec nostalgie des précédentes !

La soixantaine n’est pourtant rien d’autre qu’un repère dans le temps, une façon comme une autre de poser cinq minutes ses valises ( pas sous les yeux !) et de réaliser le chemin parcouru tout en se projetant dans l’avenir.

Avant que la nuit ne les emporte déjà ! Un vague parfum d’ail et de basilic flotte dans l’air .

Une tranche de pain aillée, arrosée d’un filet d’huile d’olive agrémentée d’une feuille de basilic feront l’affaire.

 

La neuvième porte de Polanski

La neuvième porte de Polanski.

Plus que l’intrigue de ce film de Roman Polanski, adapté du roman « Club Dumas » de Perez-Reverte!

C’est la place tenue par le livre qui transcende ce polar ésotérique. Ce livre, en l’occurrence « Les neuf portes du royaume des ombres » un manuel d’invocations sataniques. Un personnage à part entière du scenario, pour ne pas dire le principal.

On pénètre dans un univers ou l’exemplaire rare est convoité, protégé des affres du temps. Mais aussi porteur d’un savoir à ne pas mettre en toutes les mains.

Pour être tout à fait précise, on ne parle plus de livre mais d’exemplaire, en lui accolant le nom de son propriétaire, ( l’exemplaire Telfer ).  Comme si le possesseur et l’œuvre ne faisaient plus qu’un, donnant ainsi naissance à un être hybride dont le sang se serait transformé en encre.

La passion devient fétichisme et la lecture une expérience ultime.

On retiendra de ce film la sobriété d’un Jonnhy Depp inspiré.  La présence à la fois charnelle et désincarnée d’Emmanuelle Seigner. La touchante dévotion de ce collectionneur portugais, Victor Fargas.  Sans compter la folie prédatrice de Balkan, l’apprenti sorcier.

Mais au-delà du film, demeure ce parfum de bibliothèques, savant mélange de cuir et de poussière. Fruit d’un bruit de ce qui susurre entre des pages et ces dorures à l’or fin d’un autre âge.

Le livre fut élitiste, chassé, brûlé, censuré. Aujourd’hui encore il conserve son pouvoir d’attraction, quand bien même il est entré dans l’ère numérique.

Extérieur nuit colle parfaitement au coup de folie de Greg.

Extérieur nuit colle parfaitement au coup de folie de Greg.

Pendant que « La sono du bar jouait « Extérieur nuit » de Bernard Lavilliers, la musique collait parfaitement au coup de folie de Greg. Il  connaissait cette chanson par cœur, et tu t’en tires toujours en ricanant et tu t’en vas dans les poubelles, belles, belles. Il ne croyait pas si bien dire Nanar, c’était bien du côté des poubelles qu’il allait faire son marché cette nuit. »

Laissez bouillonner une minute dans la marmite et le tour est joué

Entre Pigalle la blanche et Extérieur nuit, l’univers citadin de Lavilliers colle parfaitement au coup de folie de Greg.

Black, la mémoire des bistrots,

Black, les blousons noirs des travelos,

Black, la mort dans son linceul.

White, la peur qui vous rassure,

White, le boulevard sous la bavure.

Je suis un serial killer heureux

Ainsi va la solitude des filles; aux coins des rues mal famées, un regard en biais, une ombre qui se dessine sur un mur, une menace, et au plus sombre de la nuit.  Ce bitume qui refoule toutes les frustrations d’une société absurde et sans compassion. Greg utilise le cynisme comme une arme, cependant,  il appuie là où ça fait mal, quelque part entre indifférence et curiosité malsaine.

et Pourtant L’univers urbain devint un terrain de chasse pour Greg.

Il affûte sa corde, sainte éthique du killer en série.

A partir de Extérieur nuit, le terme de serial killer est une aberration sémantique !

Alors, fermez vos portes, vérifiez les volets, branchez la TV et savourez le spectacle. Grâce à son roman, Je suis un serial killer heureux, Greg va exploser l’audimat. Tard dans la nuit, ou alors était-ce au petit matin, le jour se lève sur la musique Extérieur nuit  de Lavilliers.  Le jour se lève, on est tout seul; Greg pouvait donc se laisser aller en toute sécurité à trouver une sépulture décente pour Edy. Il faisait nuit noire dehors, mais il n’avait plus peur de ça, Edy.

C’était un bon chien. Ainsi va la vie, elle vous donne un sursis puis reprend sans répit. Mais rien ne se passe jamais comme prévu pour Greg!

Pour conclure, loin de forcer le trait . Il en est ainsi, des générations de bacheliers ont dû  plancher au bac sur l’inévitable question de la liberté ! Sommes-nous libres ? La liberté a-t-elle un prix ?  Autant de dissertations vaines et inutiles sur une notion à géométrie variable. 

Cependant , le résultat est couru d’avance 🙂 pas le seul à se faire des cheveux blancs. Bon appétit !

Greg, Serial Killer heureux. Saison 1

Greg,serial Killer heureux. Saison 1

Entre Macadam et garrigues, la vie d’un serial killer heureux. Saison1, emprunte à travers ce premier épisode, des chemins de traverses pour vous amener sur une route qui sera la vôtre. Le clin d’œil qu’elle fit à Greg, ce jour-là,  fut pour le moins emblématique.

Greg, « nègre littéraire » marseillais, spécialisé dans les biographies de personnalités. Il voit sa vie chamboulée lorsqu’un automobiliste percute un chien errant sur le Cours Lieutaud dans la cité phocéenne. Décidé à lui offrir une sépulture décente, il trouve un coin tranquille près l’Isle-sur-la-Sorgue. Notre Venise en Provence.  A la suite d’une querelle avec un paysan mal embouché, Greg commet l’acte fatal  et rentre à Marseille sans avoir enterré ce chien qu’il appellera Edy. Sans doute une vague réminiscence du film éponyme dans lequel François Berléand jouait magistralement le rôle d’un courtier en assurance au bout du rouleau. Lequel arborait une mine de chien battu des plus convaincantes. Dans le salon, salle-à manger de son deux-pièces, l’ambiance était presque tropicale.

Je suis un serial killer heureux

« Il a eu une fin affreuse » se dit Greg s’enfonçant dans son fauteuil. Encore aurait-il fallut que la mort puisse être douce ou agréable. Enfin, un de ces sentiments paisibles qui précéderait la torpeur terminale. La mort lui apparaissait, à bien des égards, comme l’épilogue bâclé d’une pièce mal écrite.  Et encore moins bien interprétée. La sonnerie du téléphone le tira de ses méditations. La voix qu’il entendit à l’autre bout du fil ne fit que conforter sa misanthropie galopante. Il leva les yeux au ciel et se contenta d’éructer quelques onomatopées de circonstance.

 

Incroyable, murmura t’il, en buvant un peu d’Évian à la bouteille.

Edy, c’était pourtant un bon chien. Ainsi va la vie, elle vous donne un sursis puis reprend sa mortelle routine. Pourtant, Greg n’avait pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin.

Mais rien ne se passe jamais comme prévu!

Encore moins pour un Sérial killer heureux.


Bonne à tout faire, un passage d’enfer

Bonne à tout faire, un passage d’enfer.

Hélas , c’est l’histoire bien réelle, d’un fainéant qui prend sa femme pour « sa bonne à tout faire ».
Un italien, s’estimant victime de « mauvais traitement », porte plainte contre son épouse qui ne cuisine pas assez et néglige la propreté du foyer, rapporte le quotidien «Il Fatto quotidiano». Tout ceci prête à sourire, si ce n’est qu’au regard du droit italien… si l’épouse est reconnue de « mauvais traitement », elle encourt une peine pouvant aller jusqu’à six ans de prison.
Pas futé cet homme un peu macho sur les bords.. .Si elle va en prison, il sera enfin obligé de se bouger…
Il faut lui botter l’arrière-train à ce gaillard ! « Pour inciter mon homme à participer aux tâches, j’adopte la méthode des machos » titrait Le Monde le 8 mars 2011.
Certains croient qu’une étude norvégienne de 2012, démontre que plus l’homme fait le ménage, plus le risque de divorce est élevé car le nombre de divorces parmi les ménages qui partagent les tâches domestiques est 50% plus élevé que chez ceux où la femme accomplit seule le travail. En fait, la véritable raison est qu’on peut plus facilement se chamailler si on a les mêmes rôles et si on a le sentiment que l’autre ne fait pas sa part de travail.
Donc la solution consisterait à bien définir le rôle de chacun sans penser qu’une femme est destinée, par nature, aux tâches ménagères et pas un homme , c’est du machisme et de la misogynie . Si un homme fait le ménage,  manque t-il  de virilité ?
Pourtant, il est tellement mimi en soubrette passant l’aspirateur :  Freedie Mercury.

Bon assez ri, je vais prendre mon martinet pour mettre mon mari au taf !
Musique : I want to break free. Freedie Mercury.

Macadam-garrigues roman. Chapitre 1

Macadam-garrigues roman. chapitre 1

J’ai enterré mon père aujourd’hui, enfin, d’autres s’en sont chargés.

Macadam-garrigues roman. Chapitre 1.

Macadam-garrigues roman. chapitre 1

Je n’y suis pas allé, au cimetière, pas envie, à quoi bon, manque de courage ? Je ne crois pas. Les conventions m’emmerdent, mes congénères bien plus encore, sans parler d’une assemblée vaguement familiale, complaisante à l’excès, mouchoir à la main, déluge lacrymal, oraison terminale. Repose en paix, où que tu sois, nulle part sans doute.
À l’heure où une pelletée recouvrait un dernier pan de cercueil, j’imaginais le regard de ma mère se perdre dans les remous terreux de sa conscience. J’étais, en train de choisir quelle fille serait le mieux à même de me faire jouir, dans cette rue qui grimpait des Réformés jusqu’à la Plaine.
Arpenter ces trottoirs encombrés de poubelles, sentir l’odeur de la pisse, compter les mégots dans le caniveau faisait partie de leurs charmes à toutes, alignées comme autant de réverbères réfléchissant sur le sol mon ombre décharnée, presque fanée. Je les connaissais toutes, ou presque ; la grosse Lola, Mercedes, Annick la délurée, Éva, un cul d’enfer, Janine la camée, Esméralda, bien un nom de pute ça, Josie, le travesti, la quarantaine bien trempée, une voix rauque de bandit calabrais, une bouche experte dont la réputation n’était plus à faire ; tout Marseille était venu visiter sa grotte et l’on y retournait comme en pèlerinage.
Je discutais avec la plupart d’entre elles, un petit mot gentil, une caresse dans le dos- Ça va, c’est pas trop dur avec ce froid mes chéries ? On sent plus nos strings à force de serrer les fesses ! Tapiner, c’était un art maudit, une réincarnation ratée ou tout simplement le fruit du hasard. La vie, ce n’est rien d’autre que cela, on retourne ses cartes et on se couche si la main est trop faible, et c’était ce qu’elles faisaient toutes, sans espérer mieux, redoutant pire que ça. La société française se rassasiait de poncifs culturels, pré formatant des castes et des sous-ensembles. Les filles se trouvaient à la périphérie de tout cela, c’est-à-dire nulle part. Je les aimais toutes, melting-pot racial, tutti frutti fantasmatique, elles incarnaient une certaine idée de résistance citoyenne, enfin, mes copines, les autres je n’en sais rien.
Ce jour-là, j’avais envie de nouveauté. Je calculais dans ma tête quelle combinaison je pourrais tenter. Lola et ses gros seins avec la petite Annick, Éva aux commandes pendant qu’Esméralda jouerait des castagnettes, ou, pourquoi pas, essayer un duo improbable, Josie et sa copine sénégalaise. Elles faisaient équipe de temps en temps ; je savais tout de ce petit monde, c’était le mien, le nôtre et nous y dérivions comme des âmes en peine ; le sursis n’avait plus cours, ne nous restait que le temps à tuer avant qu’il ne s’en charge.
Ne sachant à quel sein me vouer, je laissai retomber mes bras sur le comptoir du bar de l’Angle ; « pourquoi se creuser la tête à chercher un nom puisqu’il ?se trouvait à un angle de rue ?» La vieille bacchante me servit d’office un verre de rouge, un pinard standard, qui, dans ce « bouge », se teintait de quelques lettres de noblesse. Émile lissa sa moustache en contemplant son visage dans le miroir qui recouvrait tout un mur du bar.
– Putain, j’ai pris un coup de vieux, non ?
– Pas plus que d’habitude, dis-je en vidant mon ballon de rouge.
– Quand même, t’as vu la gueule que je me traîne ! Il serait temps de prendre ma retraite ! J’en ai plein le cul de ce cloaque !
– Si tu te lances dans la métaphore maintenant !
Il regagna son comptoir en traînant sa patte gauche. Ici, tout était bancal, pas vraiment à sa place, les filles, leurs clients, les rares commerces, les marches, le trottoir. Paradoxalement, à force d’asymétrie, un équilibre relatif y régnait, les vides bouchaient les trop-pleins, à moins que ce ne fût l’inverse.
– T’as bien une sale gueule, Émile ! lança Josie en s’engouffrant dans le bar.
– Ah, tu vois, qu’es-ce que je te disais ?
– Qu’est-ce qu’il disait ?
– Qu’il en marre de ce cloaque !
– Connais pas ce type moi, qui c’est ? demanda-t-il en remettant sa perruque en place.
Émile et moi partîmes d’un grand éclat de rire. Feignant d’essuyer une larme avec sa lavette de comptoir, il nous servit une fine.
– C’est ma tournée, jeune fille !
– J’ai dit une connerie ?
– Non ma chérie, dis-je en posant une main sur ses résilles, ne change rien, on t’aime comme ça !
– Moquez-vous ! C’est qui la meilleure suceuse de la ville ?
– Ah ça, question frivolités buccales, tu vaux largement un Rayas 78 ! gouailla Émile en retrempant généreusement nos verres.
– Mais qu’est-ce qu’il a à parler comme un savant aujourd’hui ?
Je pris la peine de préciser :
– Entre nous, il voulait simplement dire que tu suçais comme une reine !
Je connaissais leurs vies, je lisais dans leurs regards obliques comme dans un lit ouvert. Ils étaient si éloignés de mes racines familiales que j’en avais oublié les miennes et fondé de nouvelles avec eux qui tendaient leurs verres bien droits sous la fine coulant telle une source de jouvence.
Je fréquentais Émile depuis une bonne dizaine d’années. Nous avions forgé de solides liens d’amitié autour de notre passion commune pour les grands crus de la vallée du Rhône. Natif du Vaucluse, il avait acheté ce bar à la dérive voilà plus de vingt ans au grand désespoir de ses parents qui pensaient le voir reprendre l’exploitation agricole. De quinze ans mon aîné, il en paraissait bien plus. À vrai dire, personne n’aurait pu lui donner un âge précis ; à croire que le zinc durcit les traits, les fond dans une vieillesse relative, hors d’âge, pareillement à la fine que nous dégustions à ce moment précis. Ses quintes de toux étaient devenues légendaires dans le quartier, un cliquetis d’horloge qui rythmait les journées des filles : il était là, derrière son comptoir, ne comptait plus les heures confondant l’aube et le crépuscule dans une valse qui l’entraînait toujours plus loin.
– Tu te rappelles la première fois que je t’ai monté en client ? me demanda Josie
– Tu parles si je m’en souviens ! Je ne m’en suis jamais remis !
– Ça t’empêche pas de revenir dans mes bras !
– Que veux-tu, quand on a goûté aux charmes équivoques ?
– Ça veut dire que tu m’aimes un peu, hein ?
Je fis claquer une bise sur sa joue.
– Bien sûr ma chérie, qu’est-ce que je ferais ici, sinon !
Josie n’avait pas inventé la poudre, ni même la cintreuse à banane. À en croire les filles, du moins les plus âgées, il tapinait depuis plus de vingt-cinq ans, fidèle au poste, ne sachant où aller et quoi faire d’autre de ses dix doigts. Au début j’aimais ça et puis… me confia-t-il un jour pendant que nous fumions une cigarette sur son lit.
Le sexe, le vrai, le pur, se moque bien du chromosome x ou y, on le prend, à bras le corps, on s’en rassasie jusqu’à la prochaine fringale ; Josie, Éva, Mercedes, Annick, peu importait entre quelles cuisses je venais me blottir du moment qu’un peu d’amour nous faisait croire que cette mascarade en valait la peine. L’énergie sexuelle était, à ma connaissance, la seule source de calories non polluante. Las du tracas quotidien infligé par le carcan économique, j’avais décidé, un soir de biture mémorable, d’éluder systématiquement toutes les emmerdes contractuelles prenant le pas sur mon seul génie créateur, baiser. Certes, il fallait gagner sa vie. Lorsque cet épineux problème revenait aux oreilles de mon banquier, je me lançais à corps perdu dans la rédaction d’un nouveau polar. Thomas Lievremont, mon héros, se débrouillait ma foi pas mal dans les eaux troubles de l’édition hexagonale. La quarantaine, amateur de belles femmes et de grosses cylindrées, il avait un penchant pour les affaires faciles, celles qui rapportaient un minimum sans trop d’investissement personnel. Ses liens avec le milieu local l’entraînaient cependant dans d’invraisemblables aventures qui, contre toute attente, passionnaient mes fidèles lecteurs. Lievremont était devenu une rente viagère, et tout comme mon héros, je ne cherchais pas la complexité littéraire, mais une relative tranquillité financière.
– Bon, c’est pas tout, mais on fait quoi ce soir ? s’enquit Josie.
– Pourquoi, on avait prévu quelque chose ?
– C’est jeudi Émile, on fait toujours quelque chose le jeudi soir, vous dormez les mecs !
– On pourrait toujours fêter la mort de mon père et par voie de conséquence le veuvage de ma mère ! dis-je en allumant une cigarette.
Ma réflexion les sécha comme une faux au milieu d’un champ de blé. La mort n’avait pas bonne presse dans le quartier, elle rôdait tous les soirs, aléatoire, elle frappait au hasard, avec une prédilection affichée pour les proies esseulées.
– Ton père est mort ? bégaya Émile
Je fis un signe de la tête et tirai une longue bouffée sur ma clope. Josie me passa une main dans le dos. Ils étaient tristes et je m’en voulais soudainement de leur faire de la peine.
– Nous n’étions pas si proches que ça, enfin, avec ma mère, vous savez aussi bien que moi quelles peuvent être les relations familiales quand on ne prend pas la route que vos géniteurs ont tracée pour vous !
– Ah ça, c’est sûr, répondit Émile en vidant son verre de fine. Qu’est-ce que j’ai pas entendu quand j’ai refusé de reprendre l’exploitation, tous les noms de légumes y sont passés !
– Pareil pour toi Josie ?
– Moi, ma mère est partie avant que je fasse le tapin, sinon elle serait morte de chagrin, la pauvre, en plus elle détestait les bas résilles, alors…
Un silence plus tard, nous repartions d’un grand éclat de rire, histoire de tordre le cou au destin, ou du moins à ce qu’il nous en restait.
Lola poussa la porte du bar et la referma d’un grand coup de postérieur.
– Il m’a escagassé ce grand con, j’en peux plus, dit-elle en posant ses énormes fesses sur un tabouret.
– Encore le notaire ? demanda Émile
– Tout juste, c’est pas humain des « chibres » pareils, j’ai l’impression d’être une vache à la saillie.
– M’en parle pas, dit Josie, je l’ai monté une fois en client celui-là et on a joué au bilboquet pendant une demi-heure.
– Et alors ? l’interrompit Émile un sourire aux coins des lèvres.
–Ah tu peux rire dans ta moustache, c’est pas toi qui as eu mal au cul pendant une semaine !
– Ce sont les risques du métier, se défendit-il en pouffant de rire.
– Ouais, si on veut, en attendant, je veux plus le voir celui-là.
– Pourquoi l’as-tu pris alors ? demandai-je à Lola
– Avec cette putain de crise, je prends tout ce qui passe !
– Même ce qui dépasse, rajouta Émile en se tenant les côtes.
– T’es vraiment con Mimile, ça va qu’on t’adore, sinon on irait boire le coup ailleurs ! J’ai soif, au cas où ça t’intéresserait !
– Tiens ma Lola, une fine millésimée, c’est ma tournée !
– Tu sais parler aux femmes, toi !
Elle releva énergiquement le coude et vida d’un trait son verre.
– Bon, c’est pas tout, mais on va où ce soir ? demanda-t-elle.
– Figure-toi qu’ils n’ont rien prévu !
– Pas possible, c’est l’andropause ou quoi, les gars ! On se retrouve tous à dix heures ici et on file à l’opéra, on mange un bout au Stop et on va faire la fête !
Lola descendit sa seconde fine d’un trait et se leva.
– Je préviens les filles ! dit-elle en poussant la porte du bar.
Et dans un soupir elle rajouta :
– Allez j’y retourne !
– C’est pas tout, mais j’en ai monté « qu’un » cette après-midi et j’ai mon loyer en retard ! dit Josie en rajustant sa perruque, allez, les hommes, à ce soir !
Nous restâmes silencieux un instant, admiration et mauvaise conscience partagée, nous regardions Josie remonter la rue et venir se planter devant les trois marches bancales de son immeuble. Elle alluma une cigarette et plongea son regard prédateur sur le premier passant venu.
– Elles ont une sacrée paire de couilles les filles, lâcha finalement Émile.
– Surtout Josie !, dis-je en écrasant ma clope.
Émile se mit à rire puis s’étouffa dans une nouvelle quinte de toux.
– Tu as vu un toubib récemment ? Ça s’arrange pas ta fluxion de poitrine.
– Oh, de toute façon, si c’est pas ça, ça sera autre chose, alors !
Je poussais la porte du bar lorsqu’il me lança :
– Ce soir, c’est moi qui invite, j’ai pas connu ton père, mais ça sera mon cadeau de départ !
– T’es un cœur ; à tout à l’heure !
Il allait rajouter quelque chose lorsque je l’interrompis :
– Je sais, on passe par la porte de derrière, le rideau sera tiré !

En rentrant chez moi, j’eus la désagréable surprise d’entendre la voix de ma génitrice sur le répondeur.
« Max, c’est maman…je pensais que tu aurais au moins la décence d’assister aux obsèques de ton père… enfin… Nous avons décidé que tu étais personne non grata désormais, plus la peine de frapper à notre porte, elle restera fermée pour toi ! »
Enfin une bonne nouvelle, me dis-je en effaçant le message. Ne plus avoir de contact avec ma famille représentait le seul héritage que j’étais en mesure d’accepter. Il me restait quelques chapitres à corriger avant d’envoyer le dernier opus de Lievremont à mon éditeur. À l’en croire, toute l’équipe l’attendait avec impatience. Il aurait été plus juste de dire qu’ils espéraient faire un aussi bon score qu’avec le précédent, car, personne ne s’en était vraiment remis, il s’était classé dans le top 10 des polars français 2008. Le succès m’importait peu, seule la satisfaction d’être lu et d’en vivre me procurait un semblant de fierté, ou plus précisément, une marque de reconnaissance flattant parcimonieusement mon ego.
Je relevai le nez de mon ordinateur quelques heures plus tard en m’apercevant qu’il était 21 h 30. Lievremont s’en sortait une nouvelle fois haut la main ; déjouant un enlèvement de mineur, il en profitait pour subtiliser la rançon au nez et à la barbe de la police criminelle. Le côté roublard de mon héros n’était en réalité qu’un artifice littéraire, franchouillard à souhait, destiné à remettre en service un ascenseur social bouffé aux mites. Quitte à verser dans l’immoralité, j’assumais cette image galvaudée de Robin de bois, même si Lievremont ne reversait pas un centime aux œuvres de son quartier. Non, la loi du plus fort restait le seul argument valable dans ce bas monde et la simple pensée que mon héros soit vertueux me hérissait les poils de la barbe.
«  Dans la vie mon garçon que tu sois noir ou blanc, t’as le choix, soit tu travailles ou  tu gagnes de l’argent »
Celle-là, je la tenais d’une chanson de Lavilliers, dont Lievremont se vantait de connaître tous les textes par cœur. Quant à moi, je faisais partie de cette classe laborieuse qui n’avait d’autre choix que de fournir un minimum d’effort pour assurer les factures de fin de mois. Lievremont sublimait ma pauvre vie d’écrivain, rusé lorsque je me contentais d’être têtu, filou quand j’assumais mon honnêteté maladive. La seule chose que nous avions réellement en commun se bornait à ce goût immodéré pour les filles de joie, mis à part les travestis, qui, pour cause de ligne éditoriale, avaient disparu dès le premier volume.
La chaleur était étouffante, sans doute plus de trente degrés, ce qui pour un mois de juin frisait les records phocéens. Je pris une douche éclair et dévalai, cinq minutes plus tard, les escaliers de mon immeuble. L’ascenseur arborait toujours fièrement son panneau « Hors service », me faisant croire au passage que les charges de copropriété partaient à elles seules dans l’entretien de ce monte-charge à bout de souffle.
Une brume opaque et dense recouvrait les toits des immeubles les plus élevés ; une nuit poisseuse comme les aimait Lievremont.